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Très vite les progrès du matériel & des logiciels rendent pertinent un travail plus complexe. Il oriente alors ses recherches dans deux directions : celle d'un outil de réalisation des travaux de l'OuPeinPo (Ouvroir de Peinture Potentielle), et celle d'intégrer l'ordinateur comme un des outils de l'atelier du peintre, au même titre que, pinceaux, pots de couleurs, chevalet etc. etc.

Pour l'OuPeinPo, il met au point le "Portrait Photonomométrique de Raymond Queneau" (avec Jacques Vanarsky), les "Evanouissements de L. V. Gogh", "Le Corps Noir est un Corps Beau", le "M.O. U." etc, etc.




Une oeuvre molle de l'Ouvroir de Peinture Potentielle

Les évanouissements de L. V. Gogh,
Machine à peindre les portraits d'identité
.

Feindre le peint à la machine, enfin.
par Tristan Bastit
Les noms sont des désignateurs rigides
Saul Kripke, la logique des noms propres


Ces Évanouissements de L.V. Gogh exploitent le principe des transparences booléennes dans une structure stratifiée. La structure stratifiée comporte ici quatre couches dont l'ordre de succession propose 24 solutions. Puis, pour chaque solution, chaque couche porte une image qui peut prendre 8 états de transparence booléen. L'ensemble de la structure promet donc 98304 solutions.
On aurait pu en conclure que chaque solution est une oeuvre différente et que cette structure possède une potentialité de 98 304 oeuvres. C'eût été confondre les fruits avec l'arbre. En réalité il n'y a bien qu'une seule et unique œuvre, l'ensemble virtuel de la structure et de ses potentialités, mais dont la manifestation ne peut exister autrement que réduite à l'une de ses 98 304 épiphanies possibles. C'est cette réalité dans la non-existence qui défini ce que j'ai nommé par-ailleurs l'oeuvre molle. Ce concept englobant les seules œuvres conçues délibérément pour offrir des solutions virtuelles multiples au-delà de chaque manifestation (épiphanie)unique dans le réel.

Du point de vue de l'Oupeinpo, qui se donne pour tâche l'application de contraintes, le véritable enjeu était d'astreindre complètement ces potentialités à une régulation opératoire ferme.
Une contrainte alphanumérique dont le déterminateur retenu, comme pour l'onomométrie, est le marqueur "prénom + nom", détermine pour chaque cas, et l'ordre de succession des couches, et le mode booléen des images superposées propres à rendre visible l'identité du modèle. Pour ce faire, écartant la fugacité fallacieuse d'un quelconque aspect des personnes, nous devons travailler des images représentatives de l'universalité du type portraitural. Notre structure stratique contient deux autoportraits de Van Gogh et deux Monna Lisa. Elle met la méditation ontologique de l'autoportrait, manifestée par Vincent, en interférence avec la quête de l'"anima" dont Monna Lisa tient le rôle. Chacun a subit un certain nombre d'interventions cosmétiques infographiques de façon à fournir des images structurantes et des images picturantes.

L'opérateur, donc, utilisant des seuls prénom et nom de son modèle, paramètre pour l'ordinateur des instructions numériques et des commandes.

Tout d'abord, la succession de leurs voyelles est traduite en une suite numérique sur laquelle l'appareil construit la formule stratique des quatre couches du portrait. Il assigne ensuite, selon un code préétabli, à la suite des consonnes des opérateurs de commandes que l'ordinateur exécute sur les modes booléens des images.

La machine passe alors à l'action en menant à bien trois processus. Organiser la structure stratique du portrait imposée par la formule des voyelles, puis dans chaque couche calculer pour chaque pixel de l'image une consigne modale. Cette consigne prendra effet lors des recouvrements par les pixels d'autres couches. Enfin pour l'ensemble des recouvrements des quatre images elle calcule le bilan pour chaque pixel de tous les recouvrements et le transforme en un pixel final unique qu'elle affiche.

Le résultat de ces opérations est l'apparition d'un portrait constitué du bilan, pour un ordre stratique donné, de toutes les interférences modales de tous les pixels des quatre images superposées. Pour chaque désignateur rigide identifiant un modèle ce bilan est unique et fait apparaître un portrait unique.

Il est très important de souligner qu'aucune de ces interventions ne modifie le contenu objectal des éléments. On en aura facilement la preuve en rétablissant à volonté chaque image dans son aspect d'origine.
Le travail de la machine a été de transformer un paramètrage alphanumérique en réorganisation d'aspect. Or effectuer sur un thème donné des élaborations d'aspect équivaut à une élaboration stylistique.

Fondamentalement donc, le parachèvement infographique des Évanouissements de L.V. Gogh représente une véritable solution au problème de la fabrication d'une machine à peindre. Car il ne s'agit plus d'une machine à étaler mieux et plus de jaune en moins de temps et de fatigue, ni d'un dispositif sensible aux états d'âme du modèle. Très authentiquement, plutôt, c'est une machine apte à peindre l'identité du sujet dans le style des lettres de son nom.

Et chacun sait que "le style c'est l'Art".


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